lundi 3 octobre 2016

Attachée à un fauteuil, offerte, soumise ... ou ... toute puissante ?

Tu étais là, dominante, sur ce fauteuil luxuriant, telle une reine sur son trône. J'étais entre tes cuisses, en tain de dénouer tes liens de velours, et libérer poignets et chevilles de leur douce entrave. Ton corps fourbu, le fourreau de chair tuméfié et suintant, je voyais perler un sourire à tes lèvres.

Je savais que j'avais accédé à ton fantasme, en t'attachant à ce fauteuil rebondi. J'avais glissé sur la pente de tes plaisirs subtils, où les moments, lieux et gestes sont choisis. Les mots pour le dire sont venus aisément. Et l'ampleur de la fontaine de jouissance a déferlé en vagues de plus en plus puissante sur ton corps soumis, offert, envahi de mes élans et percuté de ma fougue.

Mais ce sourire, un rien facétieux, me questionnait.
Qui avait finalement dominé l'autre ? 

Tout avait commencé par un escalier qui craque, une rampe lustré, et un tapis rouge, dans cet hôtel où les lits à baldaquin se mêlent à des meubles à tiroirs secrets tout droit sortis de l'orient express, et à de lourdes tentures rouges ou ocres, masquant la vue sur la place rouge et sa statue du roi soleil. Il n'a pas fallu longtemps pour que tu ôtes ta pelisse et laisse tomber ton cabas, fière de m'exposer cette lingerie raffinée qui soulignait ton désir de célébrer ce fantasme par le plus opulent de tes apparats de dentelles.

Je glissais autour de toi, pour nouer un ruban de velours. Poignet droit. Poignet gauche. Une cheville. La dernière. Mes baisers et mes mains glissaient sur tes courbes, vérifiant que ta peau frissonnait aux effleurements, et que le brasier couvait déjà. Tu entrais dans ce costume de la soumise qui va être docile et malléable, assujettie à mes désirs. Je me souviens avoir serré ton cou, un peu. Je me souviens avoir pressé mon désir contre ta croupe, un peu plus.

Je te guidais vers l'autel où ton corps serait sacrifié. Les liens attendaient déjà. En un instant tu étais installée. Le dos bien calé au fond de cet opulent berceau de velours, les mains liées derrière la nuque, les cuisses sur les accoudoirs, et les chevilles encordées au point de ne plus pouvoir te mouvoir sans un violent coup de reins.

Ton triangle luisait déjà de désir. Cambrée par les coussins, le rubis de plaisir était dégoussé et dégorgeait comme une atteinte à la décence, rosé et humide, turgescent. Il émergeait et criait comme une sorte d'appel à la douceur de mes lèvres sur les tiennes, replètes, ouvertes, elles fleurissaient d'elles même ...

Là, à ma merci, j'ai tourné autour du fauteuil comme un fauve autour de sa proie. Toi, résignée, appelait la douceur. Mes doigts glissaient en effleurement, comme un rituel de mise à mort, et lorsque comme une lame, ils effleuraient ta gorge, ou comme un sabre, il envahissaient le moelleux de ton fourreau, tu lâchais un râle de délice ... trop peu ou pas assez ? A l'évidence, ces petits gémissement réclamaient un supplice plus envahissant.

Et c'est ce que j'ai fait, en prenant possession de tes convulsions, en envahissant le corridor des braves d'une vigueur suave qui déclencha la rupture du barrage, et l'inondation des velours du pauvre siège de tes tortures. Tes sucs glissaient, suintant sur mes doigts qui saisissaient ton plaisir en repoussant de droite et de gauche tes deux pétales de chair. un doigt, puis deux ou trois je ne me souviens plus. un râle, puis deux ou trois, je me souviens bien. Tu contractais tous tes muscles quand mes pulsions arrachaient un orgasme et que les écumes de plaisir perlaient, et que ton sourire devenais flapi. Fallait-il que j'y glisse deux doigts de plus, ou que je sorte mon sabre pour la mise à mort de ce corps gémissant du déchaînement luxuriant des orgasmes suspendus, et de ceux qui ont tout ravagé, le silence, le fauteuil, tes délicieuses sueurs, et que seuls les entraves ont contraints en ruades superflues d'une pouliche à qui on enfile une selle et qui sait qu'elle va se faire monter.

Le sabre en main, je regardai ton fourreau gonflé de désir, cette antre lisse et luisante, béante des élans de mes doigts. Je t'ai emplie, à genoux, mes raideurs dans tes chairs, ton corps sous la charge de mes élans, et le fauteuil te rejetant contre moi pour m'affronter en duel. Tu ne pouvais que laisser mes plaisirs pénétrer, te pénétrer, et mon sabre occuper tout le territoire. Je repoussait tes sensualités à chaque charge héroïque. En frissonnant, tu espérais être empalée encore et encore. Je t'ai inondée de mes excès, j'ai couvert le bruit de tes gémissement de la fulgurance de mon plaisir à abuser de ton corps offert, je t'ai couverte de ma sueur, et de tout mon poids, j'ai avachi mon corps tiède et victorieux sur le tien, dans le tien, sentant bien combien la position ne tiendrai que le temps que ton fourreau décomposé retrouve de sa vigueur, et me laisse quitter ce territoire vaincu.

Je t'ai alors embrassée, détachée ... et est apparu ce sourire d'une amante dominante, qui avait fait corps avec son fantasme ultime, et manœuvré à merveille pour que le fougueux amant vienne lui même périr en orgasmes hurlants au fond du canyon.

Détachée, mise à nue de toutes ces dentelles humides de nos sueurs, tu as regardé le lit encore fait. Défaits mais gourmands, nous l'avons soumis à nos tendres élans comme nos fougueuses chevauchées. Je t'ai aimée et chevauchée. Je t'ai offert ce fantasme et t'ai baisée. Ou le contraire ... qui sait ?




LA chambre, LE fauteuil
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